De la conscience individuelle à la conscience universelle…

 

Le statut même (naturel) de la conscience est universel et c’est uniquement parce qu’elle s’est refermée sur elle-même, repliée, qu’elle est devenue individuelle. Il n’y a donc, dans l’absolu, rien de particulier que nous devrions faire pour qu’elle puisse manifester ce qu’elle est, exprimer ce qu’elle est.

Toutefois, lorsqu’il y a « quête spirituelle » [ce qui signifie nécessairement qu’il y a sentiment de manque, d’insuffisance en soi], recherche de sens dans la vie, souffrance ou peur, ou misère… c’est que la conscience universelle s’est restreinte dans sa manifestation ; elle est devenue conscience individuelle.

C’est donc à partir de cette individualité restreinte que commence la quête. Il faut donc que ce niveau restreint de soi qui est notre « je » au quotidien accepte "d’ouvrir", de se remettre en question… Car la « non-remise en question de soi » est une sorte de fermeture sur notre structure égotique. C’est une rigidité… Et cela quel que soit le niveau spirituel que l’on considère avoir « atteint ». Car même un niveau que l’on pourrait considérer comme un niveau de conscience très élevé est encore un enfermement dans une structure… car là, un ego spirituel très compact peut prendre forme, et ainsi maintenir rigide l’idée (ferme et consistante) d’une individualité bien réelle.

Bien sûr, la conscience individuelle voudrait bien faire, faire le bien, enseigner peut-être, exister en somme…
Mais chaque fois que j’ai envie de dire quelque chose pour « exister », il ne me vient rien, car alors c’est du mental que j’appelle, de mes propres limites, de ma propre structure… ou encore, pourrait-on dire, c’est à partir de cette conscience de peur, sur la base de ce sentiment d’insuffisance, que je voudrais "exprimer" ; et alors, dans ce cas-là, il n’y a pas reconnaissance de la peur et ainsi la profondeur intérieure est comme « bouchée », recouverte…
Cette volonté de dire, ou d’écrire, repose sur une peur, la peur de ne pas exister. Mais je vois que si j’accepte la présence de cette peur, elle ne m’enferme plus et elle est ainsi, comme offerte au vide… alors vient l’inspiration et les mots se mettent à couler.

Terrible est cette peur du vide, mais si elle est reconnue comme telle, alors "ce" qui est le vide en soi, cette profondeur à partir de laquelle s’élève le bonheur, se révèle. Alors ma peur ne m’enferme plus, car dès que je reconnais ce qui m’enferme, pour ce que c’est, cela ne m’enferme plus.

Ce qui veut dire que tant que la peur n’est pas reconnue comme telle, elle reste un constituant de la conscience individuelle, et crée ainsi le voile qui recouvre la conscience universelle ; car la conscience individuelle n’est rien d’autre que la conscience universelle qui s’est, en quelques sortes, restreinte…

A ce sujet le Mahasiddha Saraha dit ceci :
« Si tu peux, indifféremment, accepter ou rejeter le samsara et le Nirvana, alors tu seras libre, au-delà des sphères auto engendrées. »

 

la conscience universelle serait-elle composée de la somme des consciences individuelles ? ou autre...

Bonsoir Ifs

Il serait bien sûr aisé de donner une réponse, mais celle-ci aussi exacte et précise soit-elle, peut très bien devenir concept, c'est-à-dire une idée de ce qu'est la réalité... La seule possibilité à mon sens, pour chacun, c'est surtout d'aller expérimenter par lui-même, voir à travers l'expérience, en soi... en disant ceci, je pense bien entendu à l'expérience du silence (aussi appelée "méditation"), laisser être ce qui est là en soi, et se révéler ainsi ce qui est profond en soi... Car même si l'on analyse le monde de la façon la plus scrupuleuse possible, on ne se sert que du plan intellectuel de soi, et ainsi on ne voit que la surface des choses...

Pour répondre à ta question, je dirais que je pense qu'il y a plusieurs niveaux à la réalité, et qu'ainsi on pourrait dire que la réalité est différente selon le plan où l'on se situe... Ainsi j'ai un bureau devant moi mais c'est la réalité d'un certain niveau, à un autre niveau ce ne sont que des atomes, ça on le sait... de la même façon, il y a les consciences individuelles, mais très certainement, toutes ne sont que la conscience universelle qui s'est scindée en consciences individuelles... tout en restant la conscience universelle ; c'est un peu comme si la spiritualité révélait une toute autre dimension que celles que l'on connait déjà... et que l'on appelle souvent la dimension verticale, la transcendance...

Mais bon, comme je le disais ci-dessus, ce qui est important pour chacun, c'est de se retrouver lui-même dans son entièreté, et là je ne crois pas qu'on puisse faire l’économie de cette "descente en soi" qui se fait par la méditation, ou bien par la prière dans certaines religions...